Il est des périodes durant lesquelles il faut savoir faire preuve de sang-froid. A n’en pas douter celle que nous vivons en est une : les drames que nous avons traversés et que nous traverserons encore rappellent à chacune et chacun d’entre nous la vocation de la politique, au sens le plus noble : protéger et servir.
Collectivités de la proximité, des solidarités humaines et territoriales, les Départements ont évidemment un rôle essentiel à jouer dans cette crise d’une ampleur et d’une forme jamais observée qui oblige à mettre en balance la santé de nos concitoyens et l’activité économique de notre pays ; à choisir entre la protection des libertés individuelles et les nécessaires précautions en matière de santé publique.
Le confinement aura eu comme conséquence de remettre au cœur du débat le rapport aux autres qu’entretiennent les Françaises et les Français. Il aura aussi conduit notre pays et nos territoires au bord du précipice économique et social.
En tant que Présidentes et Présidents de Conseils départementaux, il ne nous appartient pas de juger les choix qui ont été faits : ils ont été dictés par des circonstances et des analyses que nous ne connaissons pas toutes, mais il est certain que viendra le temps des comptes à rendre par les élus de tous bords à la population. Il en ira de la crédibilité de la démocratie dans son adaptation face à la crise, quelle qu’elle soit.
Chacun a en mémoire le déroulement chaotique des élections municipales. A l’évidence, le scénario risque de se répéter, s’agissant des élections départementales de mars prochain, rendant impossible la tenue d’un débat démocratique digne de notre république (échange sur le terrain, réunions publiques), sans même parler de la tenue des bureaux de vote proprement dit ; compte tenu de la concomitance des élections régionales. La plupart des salles ne permet pas de garantir à la fois la tenue des deux élections et un niveau satisfaisant de sécurité sanitaire.
Notre République s’est construite sur la représentation légitime de nos populations et de nos territoires : alors que nos institutions sont chaque jour remises en cause, une faible participation aux prochaines élections départementales aurait comme conséquence certaine l’affaiblissement des élus pour tout leur mandat.
Conscient de l’équilibre entre cet enjeu et le souci d’une démocratie respectée, nous soumettons à votre arbitrage le report des élections départementales au mois de juin 2021 : cette modification permettrait à la fois de sortir de l’urgence de la réponse que nous devons apporter à la crise sanitaire sociale et économique que nous traversons et garantirait le respect de nos institutions républicaines.
Jamais dans l’histoire récente nos populations n’ont eu autant besoin des Départements : nous vous demandons de nous laisser être à la hauteur de cet immense défi.
Présidents de Conseils départementaux signataires
Noël BOURGEOIS, Ardennes
Jean-François GALLIARD, Aveyron
Marc GAUDET, Loiret
Nicolas LACROIX, Haute-Marne
Claude LÉONARD, Meuse
Frédéric BIERRY, Bas-Rhin
Bertrand BELLANGER, Seine-Maritime
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