Depuis le 30 juin dernier, le musée des Beaux-Arts d’Orléans présente dans ses cabinets des arts graphiques une sélection d’estampes et de dessins sur le thème des Tourments de l’Histoire, en écho à l’exposition Jean-Marie Delaperche (1771-1843) prolongée jusqu’au 30 octobre. En savoir plus…

Par ces nouveaux accrochages, le musée poursuit, la divulgation de ses collections publiques qui, avec 12000 dessins et 50000 estampes, figurent parmi les plus considérables en régions.
L’arrivée de Mehdi KORCHANE, nouveau Conservateur spécialisé dans les Arts Graphiques devrait permettre le développement de nouveaux projets.
Retrouvez dans la suite de cet article, le parcours en trois espaces thématiques répartis de l'entresol au second étage, récemment divulgué par Mehdi KORCHANE. Les visiteurs découvriront en gravures et en dessins, l’imaginaire de la guerre à l’époque moderne (2e étage), l’univers mental de Jean-Marie Delaperche (1er étage) et les tourments politiques qui ont rythmé sa vie, de la Révolution à Napoléon (entresol).
L’imaginaire de la guerre à l’époque moderne (XVIe – XVIIIe siècles) 2e étage ![]()
|

Cet espace comprend deux thématiques, l’une consacrée à la guerre de Troie, l’autre à l’Art de la guerre. Des mythes universels aux évènements fondateurs des nations européennes, l’imaginaire de la guerre a de tout temps inspiré les artistes.

L’Iliade d’Homère et l’Énéide de Virgile, poèmes canoniques de la culture occidentale narrant la chute de Troie, ont fourni aux peintres d’histoire et aux dessinateurs une matière abondante, riche en circonstances dramatiques (l’enlèvement d’Hélène, la mort de Priam, la fuite d’Enée…).
Dès le début du XVIe siècle, la gravure a diffusé leurs compositions à travers l’Europe. Ce médium trouve également une application plus politique dans le contexte des grands conflits qui agitent le continent.
Le public qui n’est pas forcément familiarisé avec l’Art de la guerre, va découvrir le portrait héroïque, la peinture de bataille et l’allégorie politique. Dans le vaste réservoir d’images engendré par ce thème, et dont la sélection présente un aperçu, Jean-Marie Delaperche a pu trouver des sources d’inspiration et des échos à ses propres tourments.
Dans la tête de Jean-Marie Delaperche 1er étage ![]()
|

Nous connaissons si peu de choses de Jean-Marie Delaperche que nous sommes limités à des subjections. Parallèlement à l’examen de ses dessins, cet espace permet mieux cerner par les images la personnalité de l’artiste.
Ci-contre L'ARTISTE PHILOSOPHE - "Allégorie de l'Amour" d'après Jean-Gullaume Moitte (dessinateur - Anonyme LP
De nombreuses feuilles du cabinet d’arts graphiques évoquent ses sources d’inspiration, sa culture visuelle et littéraire, son univers et sa sensibilité, ses idées politiques et philosophiques.

Delaperche l’érudit se révèle dans le répertoire de ses lectures, anciennes et modernes, romanesques ou didactiques.
Certaines sont celles d’un homme spirituellement engagé au côté de la royauté - les œuvres de Chateaubriand lui sont familières, et il n’a pu ignorer celles de Jacques Delille, autre auteur légitimiste.
Ci-contre LA SENSIBILITÉ LÉGITIMISTE - "François-René de Chateaubriand" (1823) par Charles François dit Francisque Noël d'après Jean-Baptiste Aubry-Lecmte (dessinateur) et Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson (peintre)

Plusieurs gravures évoquent sa connaissance de l’Art anglais, peu en faveur à son époque.
Ci-contre LE CIEL ET L'ENFER - "L'Apothéose d'Octave et Alfred princes d'Angleterre" par Robert Stranfe d'après Benjamin West.
Delaperche le philosophe s’apprécie au travers de sa réflexion sur le Temps et sur ses effets, ainsi que sur le sens de l’existence.
La culture de l’artiste s’est probablement constituée en visualisant les modèles allégoriques des maîtres anciens sur ces thèmes.
Delaperche le croyant est habité par l’idée de la lutte du Bien contre le Mal: de ce dernier, la Révolution est l’une des incarnations contemporaines.
De la Révolution à Napoléon Entresol ![]()
|

Cet espace évoque successivement "La propagande napoléonienne", "Bonaparte le romantique" et "Le martyre de la famille royale".
Une alcôve intimiste présente "L’allégorie républicaine" et "Le désenchantement révolutionnaire".
Le renversement de l’ordre monarchique, accompli avec l’instauration de la République le 22 septembre 1792, et la reconfiguration de l’échiquier européen sous l’impulsion de Napoléon Ier, proclamé empereur des Français le 2 décembre 1804, conditionnent la vie de Jean-Marie Delaperche.
Ci-dessus BONAPARTE ROMANTIQUE "Portrait en médaillon de Bonaparte" par Léon Cogniet.

Le cabinet des arts graphiques offre à l’entresol un échantillonnage représentatif de la production d’œuvres engendrées par les évènements politiques (culte rendu par les émigrés à la famille royale, icônes républicaines, symboles révolutionnaires, figures épiques célébrant les exploits de la Grande Armée et représentations de Bonaparte, figure légendaire de l’aventurier romantique au XIXe siècle.
Ci-contre LE MARTYRE DE LA FAMILLE ROYALE - La séparation de Louis XVI d'avec sa famille à la prison du Temple le 20 janvier 1793 par Jean-Baptiste Vérité d'après Pierre Bouillon (dessinateur).

Si la famille de Jean-Marie Delaperche s’efforce de traverser la Terreur en feignant une adhésion aux idées républicaines, les fantômes de Louis XVI et de Marie-Antoinette hanteront durablement l’artiste.
Ci-contre UN MARTYR DE LA RÉVOLUTION "A Marat, l'ami du peuple. David" par Jean-Louis Copia d'après Jean-Louis David.

Après avoir perdu ses deux fils aînés durant la retraite de Moscou, Delaperche sublime sa tragédie personnelle au travers du sort de la famille royale.
Napoléon devient alors l’ennemi capital de ce royaliste de cœur, qui voit en l’empereur non seulement la cause de ses propres tourments, mais aussi une menace universelle.
Ci-contre LE DÉSENCHANTEMENT RÉVOLUTIONNAIRE - "La Sagesse et la Justice montent au ciel, laissant sur le terre la Vengeance" par Philippe-Auguste Hennequin.
Musée des Beaux-Arts
1, rue Fernand Rabier
45000 - Orléans
02 38 79 21 83
Mardi au samedi : 10h -18h
Vendredi jusqu’à 20h
👁 🗣 Visites commentées des cabinets d’arts graphiques
• Vendredi 03/07 à 18h
• Vendredi 17/07 à 18h Incluses dans le billet d’entrée
Gratuit le 1er dimanche du mois
Plein tarif : 6 € - Tarif réduit : 3 €
Billet groupé valable une journée donnant droit à l’entrée du Musée des Beaux-Arts, de l’Hôtel Cabu (musée d’Histoire et d’Archéologie de l’Orléanais) et de la Maison de Jeanne d’Arc.
Réservation (non obligatoire) sur reservationmusee@orleans-metropole
Renseignements
https://billetterie.orleans-metropole.fr
http://www.orleans-metropole.fr/330/le-musee-des-beaux-arts.html
https://sortir.orleans-metropole.fr/.fr