Consacrée au peintre Jean-Gilles Badaire, "La mort n’en saura rien" - (vers extrait de "Funérailles", poème du recueil Le Guetteur mélancolique de Guillaume Apollinaire, à découvrir en intégralité à la fin de cet article) - première exposition de cette année 2024 à la Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier d'Orléans, ouvrira au public samedi prochain 3 février.
Visible jusqu’au 17 mars, cette exposition propose un parcours à travers un thème méconnu du travail du peintre, dessinateur et écrivain berruyer disparu en novembre 2022.
C'est une seconde collaboration entre la ville d'Orléans et la galerie Capazza qui assure le commissariat conjointement avec Cécile Badaire.
Sont réunis des installations, des ensembles et les livres les plus représentatifs de l'œuvre de cet "homme d’une vaste culture, passionné, créateur d’une humilité et d’une générosité chaleureuse sans faille" comme l'écrivait ici Jean-Dominique Burtin pour MagCentre.
Libre à chacune, chacun, de faire la lecture de cet ensemble riche, foisonnant, nourri de lettres et réflexions philosophiques."
Jean-Gilles Badaire
"Jean-Gilles Badaire travaillait par cycles successifs. De 2020 à 2022, en réponse au couperet d’une mort annoncée, il a choisi un camaïeu étonnant de vert, de bleu et de noir pour peindre un ensemble d’Orages (exposé l’an passé à la galerie Capazza de Nançay), et deux séries déroutantes de portraits présentées dans cette nouvelle exposition.
Au crépuscule d’une vie nourrie d’un dialogue constant avec la mort et en point d’orgue d’une œuvre constellée de crânes et de squelettes dansants, il offre au regard des œuvres puissamment incarnées et vivantes".
UN RAPPORT À LA VIE OMNIPRÉSENT
"La mort n’en saura rien reprend le titre d’une exposition marquante, que Cécile et Jean-Gilles avaient appréciée au début de leur rencontre, faisant du rapport à la mort un trait d'union entre des cultures tout à fait différentes.
Le rapport à la vie, et donc à la mort, est omniprésent dans l’œuvre de Badaire. Marqué dans sa chair, trop tôt touché par la mort de ses parents, Jean-Gilles n’a eu de cesse de questionner notre rapport à la finitude, dans son œuvre picturale et littéraire.
Vanités, memento mori, squelettes dansants, Chemin de croix ou représentation des anges : le cœur de cette exposition rassemble diverses approches, légères ou plus profondes.
Deux séries majeures viennent former avec cet ensemble une nouvelle trinité dans la Collégiale : les toiles représentant l’Enfance - des autoportraits créés en 2020 pour l’exposition Enfances, à la galerie Capazza, et réalisés à partir de photographies d’époque desquelles le peintre a effacé ses parents défunts. Un exercice étonnant, possiblement unique dans l’histoire de l’art. (Se référer à l’ouvrage Memento en vert et bleu, de Yannick Mercoyrol, Le temps qu’il fait).
Et les toutes dernières toiles peintes par l’artiste avant son décès en 2022.
Portraits aux titres évocateurs, dernier hommage de l’artiste aux figures et valeurs importantes pour lui. Par ordre chronologique : La volonté, Artaud, deux autoportraits, Derrière l’eau du miroir, La femme, L’éveil".
Laura et Denis Capazza-Durand
"La mort n’en saura rien" Exposition de JEAN-GILLES BADAIRE Mardi au dimanche de 14h à 18h, fermeture les jours fériés Vernissage vendredi 2 février, à 18h Entrée libre
Lecture suivie d’un temps d’échange avec l’écrivain Yannick Mercoyrol et Sophie Todescato (librairie Les Temps Modernes) Dimanche 18 février à 15h30
Visites guidées du mardi au samedi Renseignements et réservations 02 38 79 24 85
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Le guetteur mélancolique
Funérailles
Plantez un romarin
Et dansez sur la tombe
Car la morte est bien morte
C'est tard et la nuit tombe
Dors bien dors bien
C'est tard et la nuit tombe
Dansons dansons en rond
La morte a clos ses yeux
Que les dévôts prient Dieu
Dors bien dors bien
Que les dévôts prient Dieu
Cherchons-leur des prie-Dieu
La mort a fait sa ronde
Pour nous plus tard demain
Dors bien dors bien
Pour nous plus tard demain
Plantons un romarin
Et dansons sur la tombe
La mort n'en dira rien
Dors bien dors bien
La mort n'en dira rien
Priez les dévôts mornes
Nous dansons sur la tombe
La mort n'en saura rien
Dors bien dors bien
Badaire peint par lui-même doit des traits à ceux qui furent ses guides, Rimbaud notamment.
Certaines figures sont androgynes. L’image qui s’impose au peintre au moment où il la fait naître sur la toile transcende les identités.
Peintre et écrivain, Jean-Gilles Badaire n'est plus
Né en 1951 à Bourges, Jean-Gilles Badaire, grand peintre, dessinateur et écrivain dont l'atelier est à Huisseau - sur - Cosson s'est éteint, ce mardi, des suites d'une longue maladie. Cet homm...
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